Prologue

22 juin au 4 septembre 2022
Pascale Girardin

À propos de Pascale Girardin

Depuis 1996, Pascale Girardin œuvre entre le monde de la céramique, des arts visuels et du design, où se côtoient vaisselle, objets d’art, installations et œuvres d’art intégrées à l’architecture. Inspirées par l’expression des formes épurées, ses créations soulignent de manière discrète notre relation fondamentale avec le monde qui nous entoure. En suspension, ornant un mur ou flottant dans l’eau, elles rappellent l’omniprésence et la structure organique de la nature. Ses études l’ont menée vers la biologie (Université de Montréal), les arts visuels (BFA de l’université Concordia et Maîtrise en arts visuels et Médiatiques à l’UQAM), la céramique (Centre de Céramique Bonsecours) et le design (GradCert Université
Concordia). Son travail à titre d’artiste et de designer lui a valu plusieurs prix et distinctions, notamment le Prix Pierre-Pagé et des bourses du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. Les oeuvres de Pascale Girardin complémentent l’architecture de nombreux établissements de luxe aux quatre coins du globe y compris pour le restaurant Nobu Broadway, le Saks Fifth Avenue et le restaurant Clement de New York, l’hôtel Four Seasons de Montréal, les résidences privées du Four Seasons de Pudong, le Printemps Paris et le Al Badia Golf Club à Dubaï.

Pascale Girardin, céramiste

SOURCES D’INSPIRATION
J’explore le potentiel de l’argile, à la fois en tant que référent et dispositif dans une pratique sculpturale élargie afin d’étudier comment le savoir-faire et la matérialité contribuent à la formation de la pensée. Ainsi, ma démarche est intimement liée au rapport dialogique que j’entretiens avec mon environnement et avec la matière que je façonne. Je considère les thèmes de la mémoire, de la transformation, du temps et de la réciprocité comme les fondements de ma recherche. Les éléments non résolus, issus d’une interaction entre la terre, la main et le corps, sont basés sur la notion de coopération. Ainsi, la surface sensible de l’argile conserve les empreintes de ces rencontres — mes œuvres en devenir sont le théâtre de ma pensée agissante, où le principe de réciprocité se manifeste entre ces deux pôles. Dès lors, la réceptivité est une condition préalable à leur réalisation et à mon engagement envers ma pratique de la céramique. L’acceptation et la résilience me permettent d’envisager mon travail sous la perspective de la continuité, surtout lorsqu’après une longue période de création, de séchage, et de cuisson, le résultat n’est pas à la hauteur de mes attentes. Par conséquent, mon processus créatif s’opère à travers tous ces moments de présence. L’attention particulière que nécessite cette activité face à la transformation de l’argile — depuis son état humide jusqu’à sa vitrification —reflète ma relation au monde sensible par lequel je cherche à exprimer un potentiel plutôt qu’une finalité : une autre manière d’aborder le lieu, l’espace et l’objet.

MOTIVATION DE RECHERCHE
À l’instar de plusieurs de mes collègues artistes, la pandémie a ralenti mes activités de production, mes commandes d’œuvres étant reportées à un futur indéterminé. J’ai profité de cette période pour faire de la recherche et travailler sur des pièces de grand format, ayant le temps nécessaire à leur fabrication et leur séchage, ainsi que l’espace requis pour leur cuisson. J’ai créé une première série de sculptures intitulée Figura, en raison de leurs dimensions et de leurs contours me rappelant des figures totémiques qui, perçues dans leur ensemble, me renvoient à la notion de l’expérience humaine commune. Cette série revêt pour moi un caractère très particulier d’un point de vue conceptuel, formel et personnel. En raison des multiples déménagements que j’ai connus au cours de mon enfance, j’ai toujours été confrontée à la notion d’identité, et plus précisément aux questions suivantes : « Quelle est ma place ici ? Quelle est ma communauté ? » Encore aujourd’hui, je ne parviens pas à fournir de réponses définitives et je vis mon sentiment d’appartenance comme un état fluide, qui navigue à travers les nombreux écosystèmes sociaux dans lesquels je me situe dans ma relation à l’autre. Cette condition que je qualifierais de migratoire et issue d’une adaptation constante, renvoie autant à mon rapport à l’argile qu’au filtre par lequel je contemple l’humanité. L’accroissement des échanges et des mouvements de populations me motive aussi à créer des œuvres par lesquelles je peux exprimer ce sentiment d’appartenance et d’expérience humaine commune.

APPROCHE PLASTIQUE
Je façonne mes sculptures au colombin et à la plaque en prenant garde de préserver quelques traces du travail de mes mains sur la surface de l’argile, car elles me renvoient au lien premier que j’entretiens avec le monde physique par l’intermédiaire de mes sens. Cette appréhension avec la matière est centrale à ma démarche et fait appel à la perception haptique (de l’ancien grec haptein qui signifie toucher). Mon souhait est que les oeuvres de la série Figura prises dans son ensemble, leur surface, leur taille (« sur » humaine) et leur forme, concourent à l’expression du rapport que nous avons avec le monde matériel et avec notre propre corps. De nature interprétative plutôt que didactique, j’aspire à ce que le public puise dans ses codes de référencement personnels afin de s’engager dans un dialogue ouvert et vivant avec mon travail. – Pascale Girardin

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